écritures contemporaines

Chercher au présent – journée d’étude en littérature contemporaine

Organisée par des doc­to­rant·e·s de Lyon 2, de l’ENS Lyon et de l’Université de Lorraine, la jour­née de jeunes cher­cheurs « Chercher au pré­sent » se veut un moment de réflexion col­lec­tive sur la lit­té­ra­ture contem­po­raine et sa spé­ci­fi­cité en tant qu’objet d’étude à l’uni­ver­sité.

La jour­née est ouverte à tous les publics.

DÉROULEMENT ET PROGRAMME

À l’occa­sion de cette jour­née, nous accueillons Arno Bertina (auteur) et Laurent Demanze (ensei­gnant-cher­cheur en lit­té­ra­ture contem­po­raine), qui évoqueront au cours d’un dia­lo­gue leurs posi­tions res­pec­ti­ves d’auteur et de cher­cheur dans le monde d’aujourd’hui, et les enjeux et les consé­quen­ces de leur ren­contre.

La parole sera ensuite donnée à cinq doc­to­rant·e·s, qui feront part de la manière dont leur expé­rience de recher­che et leurs métho­des sont inflé­chies par la sin­gu­la­rité de leur objet d’étude.

9h15 · Laurent DEMANZE (ENS Lyon) – Chantiers pour une lit­té­ra­ture à venir

9h45 · Dialogue entre Laurent Demanze et Arno Bertina

11h20 · Agnès BLESCH (Paris VIII) – La lit­té­ra­ture hors du, contre le, à partir du livre : l’exem­ple des confé­ren­ces-per­for­man­ces

12h · Flore DI SCIULLO (Paris II) – Les écritures du pré­sent dans un texte contem­po­rain : Art Press ou la cri­ti­que en actua­lité

14h30 · Morgane KIEFFER (Paris X) – « Retours » et « tour­nants » : pour une reconsi­dé­ra­tion des seuils cri­ti­ques dans la lit­té­ra­ture fran­çaise contem­po­raine

15h10 · Clara ZGORA (EHESS / Université de Varsovie) – Identités citat­di­nes et créa­tions urbai­nes des écrivains. Nouveaux objets, nou­vel­les appro­ches en lit­té­ra­ture de l’extrême contem­po­rain

16h20 · Stéphane NOWAK (ENS Lyon) – Questions de dis­tance cri­ti­que avec les repré­sen­ta­tions pro­dui­tes par les auteurs contem­po­rains

Méthodes, pratiques et enjeux des études littéraires. Regards et questions des doctorant.es sur la discipline.

Journée d’études des doc­to­rant.es de Passages XX-XXI En col­la­bo­ra­tion avec le CERCC et avec le sou­tien de l’ED 3LA

Vendredi 6 février, 10h-17h

Université Lyon 2 Lumière, MSH-Maison de l’Orient et de la Méditerranée, 7, rue Raulin, Lyon 7 Amphithéâtre Benveniste

Programme

Matinée

10h Accueil des par­ti­ci­pant·es et pré­sen­ta­tion de la jour­née

10h30 Conférence d’ouver­ture par Jérôme David (Professeur à l’Université de Genève)

11h-11h30 Gabrielle Tremblay (Université du Québec à Montréal) : Le scé­na­rio de cinéma, un objet lit­té­raire ?

11h30-12h Hélène Bister (Passages XX-XXI, Lyon 2) : Poétique(s) du rythme

12h-12h30 Discussion

Après-midi

14h30-15h Maxime Triquenaux (LIRE, Lyon 2) : Dépasser le « bon voi­si­nage » : his­toire cultu­relle et dis­ci­pline lit­té­raire

15h-15h30 Raphaël Luis (CERCC, Lyon 3) : Un dilemme com­pa­ra­tiste : de la lec­ture idéale au « dis­tant rea­ding »

15h30-16h Hasnia Zaddam (Passages XX-XXI, Lyon 2) : Sommes-nous libres de ce que nous écrivons ?

16h-17h Discussion et conclu­sion

Journée orga­ni­sée par Eléonore Devevey (Doctorante, Lyon 2, Passages XX-XXI), Chloé Jacquesson (Doctorante, Lyon 2, Passages XX-XXI), Raphaël Luis (Doctorant, Lyon 3, CERCC), Sibylle Orlandi (Doctorante, Lyon 2, Passages XX-XXI).

La littérature du XXIe siècle

ASSOCIATION INTERNATIONALE DES ÉTUDES FRANÇAISES http://www.aief.fr/2012/05/26/progr... LXVIe Congrès

École nor­male supé­rieure, salle Dussane, 45, rue d’Ulm, Paris Ve

PROGRAMME
Lundi 7 juillet, 10h-18h
Organisateurs : Mathilde Barraband (Université du Québec à Trois-Rivières) et Laurent Demanze (ENS Lyon)

10h-12h

Mathilde Barraband (Université du Québec à Trois-Rivières) et Laurent Demanze (ENS Lyon), Introduction

Jean-Max Colard (Université Lille 3), Des écritures-artis­tes. Le tour­nant plas­ti­cien de la lit­té­ra­ture contem­po­raine

Fabien Gris (Université Jean Monnet Saint-Étienne), Littérature et cinéma (2000-2014) : per­ma­nen­ces et muta­tions d’un ima­gi­naire réfé­ren­tiel

14h-18h

Nancy Murzilli (Université de Gênes), Thomas Clerc, inté­rieur/exté­rieur. Le regard sco­pi­que dans le dis­po­si­tif d’écriture

Jean-François Hamel (Université du Québec à Montréal), Détourner la lit­té­ra­ture : lan­gage privé et pro­blème public dans les dis­po­si­tifs poli­ti­ques de Christophe Hanna

Philippe Forest (écrivain), Entretien

Emmanuelle Pireyre (écrivaine), Lynx

Classicisation & vieillissement du contemporain. La littérature contemporaine à l’épreuve de sa réception universitaire

Université Paris 3 – Sorbonne nou­velle et Université du Québec à Trois-Rivières

Unité mixte de recher­che Thalim (Théorie et his­toire des arts et des lit­té­ra­tu­res de la moder­nité XIXe-XXIe siè­cles)

Centre de recher­che Figura sur le texte et l’ima­gi­naire

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Cette jour­née d’étude cons­ti­tue le deuxième volet d’une réflexion plus vaste dont le col­lo­que « L’his­toire lit­té­raire du contem­po­rain », orga­nisé en octo­bre 2012 à l’Université de Montréal par Mathilde Barraband et Élisabeth Nardout-Lafarge, a cons­ti­tué une pre­mière étape. S’inté­res­sant cette fois plus stric­te­ment à la période des années 1990 à aujourd’hui, cette jour­née a pour ambi­tion d’inter­ro­ger ce qui se joue depuis quel­ques décen­nies dans la ren­contre entre la lit­té­ra­ture au pré­sent et l’ins­ti­tu­tion uni­ver­si­taire, et ainsi de penser les pro­ces­sus de « clas­si­ci­sa­tion  » et de « vieillis­se­ment » lit­té­rai­res. On se pro­pose de réflé­chir tout à la fois aux moda­li­tés concrè­tes de la ren­contre entre la lit­té­ra­ture et l’uni­ver­sité aujourd’hui (lieux et cadres ins­ti­tu­tion­nels, acteurs et pra­ti­ques) et à ses effets tant sur la lit­té­ra­ture (reconnais­sance et consé­cra­tion, pro­duc­tion dif­fé­ren­ciée de la valeur lit­té­raire) que sur l’ins­ti­tu­tion uni­ver­si­taire (condi­tions de pro­duc­tion et de rece­va­bi­lité du dis­cours uni­ver­si­taire, trans­for­ma­tions des moda­li­tés d’ensei­gne­ment et de trans­mis­sion des savoirs, sortie de l’uni­ver­sité hors de ses murs).

PROGRAMME
Vendredi 7 mars 2014

Salle Claude Simon, Maison de la Recherche – 4, rue des Irlandais, 75005 Paris

9h15 - Introduction

Marie-Odile André (U. Paris Ouest Nanterre), « Configurations du “contem­po­rain” »

9h30-11h Président de séance : Bruno Blanckeman

Laurent Demanze (ENS Lyon), « (Ré)géné­ra­tions contem­po­rai­nes »

Lionel Ruffel (U. Paris 8), « La créa­tion lit­té­raire à l’Université : enjeux théo­ri­ques »

Cécile Rabot (U. Paris Ouest Nanterre), « Quelle lit­té­ra­ture contem­po­raine en biblio­thè­que uni­ver­si­taire ? »

11h15-12h30

Table ronde animée par Mathilde Barraband (U. du Québec à Trois-Rivières) avec Bruno Blanckeman, (U. Paris 3-Sorbonne nou­velle), Marc Dambre (U. Paris 3-Sorbonne nou­velle) et Alain Viala (U. d’Oxford)

14h-15h Présidente de séance : Mathilde Barraband

Maÿlis Ciarletti (U. Paris 3-Sorbonne nou­velle), « Réception éditoriale et récep­tion uni­ver­si­taire. Les cas de Verdier et Verticales »

Julien Lefort-Favreau (U. de Toronto), « Aveuglés par le pré­sent. La revue Liberté »

15h15-16h15 Président de séance : Marc Dambre

Audrey Lasserre (U. Paris 3-Sorbonne nou­velle), « Quelle place pour nos contem­po­rai­nes dans les his­toi­res de la lit­té­ra­ture récen­tes ? »

Michel P. Schmitt (U. Lyon 2), « Le nécro­lo­gue dans le champ lit­té­raire »

16h30-18h

Table ronde animée par Marie-Odile André avec Vincent Message, Jean Rouaud et Pierre Senges

Journée d’étude – « L’èthos du littéraire – Figurations de l’attitude lettrée dans la littérature contemporaine (1980-2010) »

8 décembre 2012

Et c’est bien cela l’inter­texte : l’impos­si­bi­lité de vivre hors du texte infini – que ce texte soit Proust, ou le jour­nal quo­ti­dien, ou l’écran télé­vi­suel : le livre fait le sens, le sens fait la vie.

Roland Barthes, Le Plaisir du texte.

Après plu­sieurs décen­nies de mise en doute des pou­voirs de la lit­té­ra­ture, celle-ci est-elle en train de rede­ve­nir une « alliée sub­stan­tielle » ? Si depuis les années 1980 le dis­cours décli­no­lo­gue ne s’essouf­fle pas, tout un tra­vail cri­ti­que et uni­ver­si­taire d’ana­lyse de la pro­duc­tion lit­té­raire contem­po­raine – des pre­miers pano­ra­mas aux car­to­gra­phies plus récen­tes – a placé au centre de ses préoc­cu­pa­tions la ques­tion de la vita­lité et de la diver­sité de la lit­té­ra­ture. Ce cou­rant a accom­pa­gné l’émergence d’un ques­tion­ne­ment fon­da­men­tal cher­chant à réha­bi­li­ter l’une des fonc­tions pre­miè­res de la lit­té­ra­ture : sa capa­cité à dire notre rap­port au monde. En témoi­gnent les récen­tes inter­ro­ga­tions sur ses fina­li­tés prag­ma­ti­ques : Lire, inter­pré­ter, actua­li­ser : pour­quoi les études lit­té­rai­res ? ; La lit­té­ra­ture, pour quoi faire ? ; Comment écouter la lit­té­ra­ture ? L’expé­rience lit­té­raire et la culture livres­que se reven­di­quent comme des valeurs irré­duc­ti­bles alors même que la lit­té­ra­ture se trouve concur­ren­cée par d’autres moda­li­tés dis­cur­si­ves. La « vie du lettré » fas­cine car l’on se met à redé­cou­vrir les pos­si­bi­li­tés de figu­ra­tion mémo­rielle et exis­ten­tielle qu’induit une pra­ti­que lit­té­raire du monde. Autant que la valeur sym­bo­li­que des let­tres, c’est leur place dans la société et l’expé­rience sin­gu­lière que permet la lit­té­ra­ture qui sont ques­tion­nées. Notre jour­née d’étude s’ins­crit dans le sillon de cette actua­lité théo­ri­que. Elle sou­haite enga­ger la réflexion depuis la biblio­thè­que contem­po­raine afin de voir ce qu’il en est aujourd’hui de l’« atti­tude let­trée » dans la cons­truc­tion de l’iden­tité nar­ra­tive. Que nous dit l’écrivain – en son nom propre ou à tra­vers ses mas­ques – de son rap­port aux Lettres ? Quelles visions de soi l’être lit­té­raire cher­che-t-il à faire passer ? Nombre d’auteurs cons­trui­sent en effet leurs œuvres en inte­rac­tion avec une mémoire de la lit­té­ra­ture, soit qu’ils entre­pren­nent une réé­va­lua­tion des codes et des modè­les d’écriture dans une pers­pec­tive ludi­que (Jean Echenoz, Éric Chevillard, Pierre Senges,…), soit qu’ils pri­vi­lé­gient une explo­ra­tion de la biblio­thè­que dans des fic­tions érudites (Philippe Sollers, Pierre Michon, Patrick Deville…), soit qu’ils sous­cri­vent à l’utopie bar­thé­sienne d’une « vie en forme de phrase » où la lit­té­ra­ture serait une expé­rience exis­ten­tielle à part entière (Pascal Quignard, Richard Millet, Jean-Bertrand Pontalis…). Que ce soit pour exhi­ber une mémoire inter­tex­tuelle fon­da­trice de l’écriture, ou pour se réfé­rer à un absolu lit­té­raire ébranlé – de celui, roman­ti­que, qui exalte la puis­sance des let­tres à celui mal­lar­méen, du tout-lit­té­ra­ture – l’écriture vient alors s’ancrer dans la figu­ra­tion, voire l’exhi­bi­tion, d’une mémoire des let­tres et de la langue. C’est ainsi tant une vision de la Littérature « majus­cule »– valo­ri­sée, tour­née en déri­sion ? – qu’une concep­tion de l’acte d’écriture – pos­si­bi­li­tés de la table rase, mélan­co­lie ou jubi­la­tion de la réé­cri­ture ? – qui se des­si­nent alors. Nous pri­vi­lé­gie­rons donc ceux des écrivains actuels qui – fût-ce de manière obli­que ou par un regard dis­tan­cié –, spe­cu­la­ri­sent et spec­ta­cu­la­ri­sent à même leur créa­tion une atti­tude let­trée. En nous auto­ri­sant des excur­sions dans le corpus inter­na­tio­nal – nous pen­sons, entre autres et à des degrés divers, aux fic­tions de Somoza, de Tabucchi ou encore de Sebald –, nous aime­rions ainsi cerner les modes d’inves­tis­se­ment de cet èthos du lit­té­raire, entendu comme sub­jec­ti­vité onto­lo­gi­que­ment reliée à la lit­té­ra­ture par la mémoire ou l’expé­rience. Au sein de cette réflexion, voici quel­ques axes qui pour­ront être pri­vi­lé­giés : 1) Sur quel­les repré­sen­ta­tions l’écrivain s’appuie-t-il pour struc­tu­rer son image d’ « homme de let­tres », au croi­se­ment du tex­tuel, de l’ima­gi­naire et du réel ? Quelle légi­ti­mité et quel statut sym­bo­li­que cher­che-t-il à conqué­rir dans la société ? 2) Dans le cas d’une écriture qui exhibe les signes d’une érudition lit­té­raire, quel­les formes et quel­les fonc­tions l’écrivain assi­gne-t-il à la biblio­thè­que ? Quelles pos­tu­res se des­si­nent face à Littérature « majus­cule » ? La biblio­thè­que appa­raît-elle comme un hori­zon de lec­ture, un prisme d’écriture, un lieu de pro­jec­tion ? 3) Quelles appro­ches géné­ri­ques sont pri­vi­lé­giées par cette res­sai­sie de la biblio­thè­que (traité, fic­tion d’auteur, enquê­tes d’ordre his­to­ri­que…) ? Quels liens peut-on voir s’établir entre érudition et fic­tion ? 4) Quelles pos­tu­res nar­ra­ti­ves l’auteur choi­sit-il pour dire son rap­port à l’héri­tage lit­té­raire (admi­ra­tion, désin­vol­ture, déné­ga­tion, sub­ver­sion…) ? 5) Comment la langue, la lec­ture, la gram­maire ou le lexi­que défi­nis­sent-ils des caté­go­ries à part entière, capa­bles de modé­li­ser le rap­port du sujet écrivant au monde (les rela­tions affec­tées et affec­ti­ves au lan­gage ; la gram­maire comme allé­go­ri­sa­tion d’enjeux éthiques et exis­ten­tiels…) ? Cette jour­née d’étude pri­vi­lé­gie l’époque contem­po­raine (1980-2010) mais sou­haite accueillir toute aire cultu­relle et lin­guis­ti­que. Les études pour­ront s’atta­cher aux axes défi­nis ici ou en pro­po­ser d’autres qui vien­draient s’ins­crire dans notre pro­blé­ma­ti­que. La mise au jour des sou­bas­se­ments socio-his­to­ri­ques, mais aussi théo­ri­ques et phi­lo­so­phi­ques, sera la bien­ve­nue pour com­pren­dre le méca­nisme, l’ori­gine et le remo­de­lage de l’atti­tude let­trée dans les écritures actuel­les.

Programme : Ouverture de la jour­née 9h00 – Mathieu Messager et Anne Sennhauser (Doctorants CERACC, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

L’auteur et son double 9h15 – Claire Maussion (Doctorante, Université Paris Ouest – Nanterre La Défense) : « Auteur et cri­ti­que : deux figu­res oppo­sées de let­trés dans le roman contem­po­rain ? » 9h45 – Charline Pluvinet (Docteur, Université Rennes 2) : « « Voyages dans le scrip­to­rium » : fic­tions d’auteur et dyna­mi­ques spé­cu­lai­res ». 10h15 – Discussion 10h45 – Pause

Devenirs de l’homme de let­tres 11h00 – Charles Coustille (Doctorant, EHESS / Northwestern University) : « Le double jeu de l’écrivain-pro­fes­seur, nou­velle figure de la lit­té­ra­ture contem­po­raine » 11h30 – Entretien avec William Marx (Professeur des Universités, Université Paris Ouest – Nanterre La Défense) : « L’èthos lettré, au-delà ou en-deçà de la lit­té­ra­ture ? » 12h15 – Discussion 12h45 – Pause déjeu­ner

Écrire la biblio­thè­que 14h30 – Laurent Demanze (Maître de Conférences, ENS de Lyon) : « Le cabi­net de Patrick Mauriès : la pas­sion du dis­pa­rate » 15h00 – Claire Colin (Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : « Portrait de l’écrivain contem­po­rain en « être sin­gu­lier plu­riel » » 15h30 – Discussion 16h00 – Pause

Incarner la biblio­thè­que 16h15 – Jean-François Frackowiak (Doctorant, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : « L’écriture ET la vie : la Bibliothèque incar­née, ou la lit­té­ra­ture comme ini­tia­tion et com­pa­gnon­nage chez Philippe Le Guillou » 16h45 – Noémie Christen (Doctorante, Université Saint-Gal) : « Posture d’un impos­teur : la biblio­thè­que d’Hervé Guibert »

Lieu : Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 Salle Max Milner (2e étage, esca­lier C) 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris Métro : Cluny-La Sorbonne (ligne 10) ou Maubert-Mutualité (ligne 10)

Pierre Senges, L’invention érudite

16 novembre 2012, Université Paris 3

Journée d’études orga­ni­sée par Bruno Blanckeman, Laurent Demanze et Audrey Camus, dans le cadre des acti­vi­tés du Centre d’Études sur le Roman des Années Cinquante au Contemporain (CERACC, EA4400 « Écritures de la moder­nité », Université Paris III – CNRS), en pré­sence de l’auteur.

Dans les « leçons amé­ri­cai­nes » qu’il écrivait pour l’Université Harvard, Italo Calvino esquis­sait les contours de la lit­té­ra­ture à venir à tra­vers les notions de légè­reté, rapi­dité, exac­ti­tude, visi­bi­lité et mul­ti­pli­cité »1. La der­nière de ces confé­ren­ces célè­bre la forme de l’ency­clo­pé­die ouverte, qui relie selon Calvino les œuvres majeu­res du XXe siècle et dont il appelle la per­pé­tua­tion de ses vœux. Sont notam­ment cités Thomas Mann, Joyce, Musil et Proust, mais aussi Gadda, Lichtenberg, Borges, ou encore le Flaubert de Bouvard et Pécuchet, en les­quels on reconnaît les lec­tu­res favo­ri­tes de Pierre Senges.

Et s’il est un écrivain qui semble avoir entendu l’appel des Leçons amé­ri­cai­nes, c’est bien Pierre Senges. Son pre­mier livre, en forme d’ana­to­mie, exauce en effet le sou­hait de son aîné au seuil du mil­lé­naire, en fai­sant de l’érudition un véri­ta­ble conte de fées »2. Au début de Veuves au maquillage3, le commis aux écritures dans l’ombre duquel se tient le roman­cier expli­que ainsi que son métier « l’oblige à se four­nir en docu­men­ta­tions, en archi­ves », avant d’évoquer sa pré­di­lec­tion pour « les Œuvres Complètes d’un chi­rur­gien du roi datant du siècle des cau­tè­res, deux mille pages trai­tant d’ana­to­mie, de ban­da­ges, de vérole, de mons­tres, d’enfant sans tête, de comète en forme d’épée, et de voya­ges ». Ce nou­veau livre des mer­veilles —dans lequel le lec­teur pers­pi­cace aura reconnu l’ouvrage d’Ambroise Paré— don­nera nais­sance à la fic­tion, en même temps qu’à l’œuvre de Pierre Senges qu’elle inau­gure.

Depuis, en effet, les livres se sont mul­ti­pliés, explo­rant chacun à son tour un ter­ri­toire des savoirs – géo­gra­phi­que (La Réfutation majeure, Environs et mesu­res…), bota­ni­que (Ruines-de-Rome), scien­ti­fi­que (Essais fra­gi­les d’aplomb…) ou lit­té­raire (Sort l’assas­sin entre le spec­tre, Fragments de Lichtenberg, Études de sil­houet­tes) —pour cons­ti­tuer par­celle par par­celle une ency­clo­pé­die érudite et inven­tive. L’érudition, loin de cons­ti­tuer une clô­ture de l’attesté ou un empri­son­ne­ment dans les rets d’une réa­lité intan­gi­ble, y appa­raît au contraire comme une puis­sance de désor­dre, bou­le­ver­sant les repré­sen­ta­tions et ébranlant les cer­ti­tu­des. L’œuvre de Pierre Senges s’ins­crit par là dans cette lit­té­ra­ture contem­po­raine qui, comme Nathalie Piégay-Gros l’a récem­ment rap­pelé, réar­ti­cule for­te­ment les savoirs et la lit­té­ra­ture, s’enfonce dans l’érudition mais pour y puiser une puis­sante sol­li­ci­ta­tion de l’ima­gi­naire4.

Cette réflexion col­lec­tive s’atta­chera donc prin­ci­pa­le­ment à ana­ly­ser à tra­vers l’œuvre sin­gu­lière de Pierre Senges les rap­ports renou­ve­lés de l’inven­tion et de l’érudition, la pre­mière convo­quant l’autre pour mieux la vio­len­ter par un déport iro­ni­que et des ren­ver­se­ments bur­les­ques. Alors qu’ins­tallé dans la biblio­thè­que, l’écrivain brouille les réfé­ren­ces, efface les écritures ou leur adjoint ses pro­duc­tions apo­cry­phes, on pourra notam­ment étudier ces figu­res de l’inter­tex­tua­lité que sont le copiste, le faus­saire ou l’impos­teur ; exa­mi­ner cette puis­sance d’enchan­te­ment que l’auteur sol­li­cite dans les savoirs moins pour décou­vrir la vérité que pour la contes­ter ; s’inter­ro­ger sur ces tour­nu­res baro­ques qui cons­ti­tuent un éloge lucide des appa­ren­ces, non dénué de portée sub­ver­sive.

PROGRAMME

Vendredi 16 novem­bre 2012 À partir de 08h45 Accueil des par­ti­ci­pants, café

Matinée – L’envers des savoirs : erreurs, lacu­nes et apo­cry­phes

Présidence : Marc Dambre

09h15 Mots de bien­ve­nue & Introduction

09h45 La carence et l’excès : infor­ma­tion et lacune dans Les Aventures de Percival – Hugues Marchal (Université de Bâle)

10h15 « La chute était leur tra­jec­toire » : échec, erreurs et ratés chez Pierre Senges – Fabien Gris (Université Jean Monnet, Saint-Étienne)

10h45 La voix ago­nis­ti­que du faus­saire – Aurélie Adler (CERACC)

11h15 Discussions

Après-midi – Potentialités de la lit­té­ra­ture : études et exer­ci­ces

Présidence : Bruno Blanckeman

14h00 L’Utopie revi­si­tée – Audrey Camus (CMRC/CERACC)

14h30 Variations contrain­tes – Anne Roche (Université de Provence)

15h00 Escapades et escam­pette : deux ency­clo­pé­dis­tes en goguette – Laurent Demanze (ENS Lyon)

15h30 Discussions et Pause

16h30 Entretien avec Pierre Senges

Avec le sou­tien finan­cier de la Direction des Relations Internationales de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.

Contacts : Audrey Camus Audrey.Camus@rmc.ca – Laurent Demanze lau­rent.deman­ze@ens-lyon.fr – Bruno Blanckeman bruno.blan­cke­man@u­niv-paris3.fr . Communication : Nadia Ladjimi nadia.lad­ji­mi@u­niv-paris3.fr

Italo Calvino, Leçons américaines : aide-mémoire pour le prochain millénaire, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1989.

La comparaison est de Pierre Senges lui-même (« Pierre Senges, fragile et d’aplomb », Remue.net, 2004).

Pierre Senges, Veuves au maquillage,Paris, Verticales, 2000.

Nathalie Piégay-Gros, L’Érudition imaginaire, Genève, Droz, 2009.