écritures contemporaines

Que font les rennes après Noël ?  : Verticales, 2010

De pré­fé­rence sau­va­ges, les ani­maux occu­pent une place de choix dans l’œuvre d’Olivia Rosenthal : de la pièce de théâ­tre Les Félins m’aiment bien (2004) à la pièce sonore Viande froide (2008), ils revien­nent habi­ter les textes de l’auteure, entre ten­ta­tion de la cruauté et pré­sence dis­si­mu­lée. C’est pour­tant dans Que font les rennes après Noël ?, paru en 2010, que l’écrivaine aborde le plus direc­te­ment notre rap­port aux ani­maux : né d’une col­la­bo­ra­tion à Nantes avec Stéphane Thidet au sujet de l’intro­duc­tion de loups dans la ville, ce roman récom­pensé en 2011 par le prix du livre Inter alterne la trame fic­tion­nelle du récit d’appren­tis­sage d’une jeune femme, de sa nais­sance à ses qua­rante-quatre ans, avec des para­gra­phes de docu­men­ta­tion sur les ani­maux, ainsi que des témoi­gna­ges issus d’entre­tiens menés auprès de pro­fes­sion­nels tra­vaillant au contact des bêtes. La sin­gu­la­rité du livre réside dans ce mon­tage, entre une ligne nar­ra­tive plutôt tra­di­tion­nelle et une ligne docu­men­taire poly­pho­ni­que qui vient inter­ro­ger, éclairer et enri­chir la pre­mière. Si le roman fait défi­ler toute une gale­rie d’ani­maux, des rennes fan­tas­més du titre aux vaches qui finis­sent à la bou­che­rie, en pas­sant par les loups, les fauves, les cana­ris, les rats ou encore les pla­nai­res, Olivia Rosenthal refuse néan­moins de parler à leur place : c’est donc à partir de notre point de vue que s’écrit le livre, mais un point de vue qu’elle met en pers­pec­tive en explo­rant des ter­rains inha­bi­tuels, afin d’inter­ro­ger l’humain.

Parler des animaux : une « entreprise impossible » ?

Si les bêtes sont au cœur du livre d’Olivia Rosenthal, l’auteure renonce au pro­cédé qui consiste à leur prêter voix, pré­fé­rant les appro­cher depuis la fron­tière où nous nous tenons. Dans « Le rôle et la pré­sence des ani­maux dans le roman », elle note que « parler d’eux est une entre­prise impos­si­ble. Parler d’eux, de là où ils se tien­nent, à l’affût, c’est soit parler de nos échecs, soit, plus dif­fi­cile encore, essayer de dire quel­que chose sur un monde abso­lu­ment inconnu. Il n’y a tout sim­ple­ment rien à en dire ». Pour saisir malgré tout les mul­ti­ples liens que nous entre­te­nons avec les bêtes, elle élabore un dis­po­si­tif à fortes contrain­tes : dans cha­cune des par­ties, la voix d’un pro­fes­sion­nel tra­vaillant avec les ani­maux (un dres­seur de fauves, un soi­gneur dans un zoo, un expé­ri­men­ta­teur dans un labo­ra­toire et un bou­cher), alterne avec le récit de for­ma­tion de l’héroïne à la deuxième per­sonne. Point de voix ani­male donc, mais une plu­ra­lité de « je » dont les expé­rien­ces se mêlent au « vous » évoquant le par­cours d’une jeune femme : la dis­tance établie par ce choix énonciatif trans­forme le per­son­nage en cobaye amené à obser­ver son propre appren­tis­sage, tout en invi­tant le lec­teur à se reconnaî­tre dans les situa­tions décri­tes – emprise de la famille, dif­fi­culté à se cons­truire en dehors des normes socia­les.

Olivia Rosenthal affirme que les entre­tiens avec les pro­fes­sion­nels ont d’abord cons­ti­tué le cœur de son projet, les­quels ont permis de géné­rer une fic­tion : ce tra­vail du mon­tage entre fic­tion et maté­riau docu­men­taire, récur­rent dans ses œuvres depuis On n’est pas là pour dis­pa­raî­tre, crée un réseau de liens entre les dif­fé­ren­tes séries, par un effet d’échos, d’enchaî­ne­ments, de reprise ou de contre­point entre les para­gra­phes. Ainsi, lors­que le dres­seur évoque la néces­sité de priver le petit félin de sa mère dès la nais­sance, le para­gra­phe qui suit montre à quel point l’envi­ron­ne­ment de l’héroïne au cours de ses pre­miè­res années se borne à celui de sa mère. Un thème, un mot pourra donner sa colo­ra­tion à un cha­pi­tre, comme la conta­mi­na­tion, la sur­veillance ou encore l’impré­gna­tion, dres­sant un paral­lèle entre la sphère fami­liale dic­tant ses normes et les scien­ti­fi­ques tra­vaillant sur les ani­maux en labo­ra­toire. Le mélange de fic­tion et de docu­men­taire permet ainsi de saisir la plu­ra­lité des dis­cours tenus par les hommes sur les ani­maux : le singe pour l’homme, c’est à la fois une espèce que l’on observe au zoo, un cobaye de labo­ra­toire auquel on ino­cule nos mala­dies, un animal étudié par l’éthologie, mais aussi un être de fic­tion dont King Kong serait la plus célè­bre incar­na­tion.

Néanmoins, si l’œuvre d’Olivia Rosenthal se veut poly­pho­ni­que, la pra­ti­que de l’entre­tien demeure asy­mé­tri­que en ne mani­fes­tant pas la réci­pro­cité. Si le livre se cons­truit sur des entre­tiens plu­riels, c’est bien la voix de l’auteure qui les fait signi­fier, en les agen­çant paral­lè­le­ment à l’expé­rience vécue par ce « vous » omni­pré­sent et, en les dis­cu­tant avec ce ton dis­tan­cié et iro­ni­que qui la carac­té­rise. Olivia Rosenthal ne semble pas opter pour une écriture enga­gée sur la condi­tion des ani­maux, les com­men­tai­res qui répon­dent aux expé­rien­ces rela­tées visent plutôt à décons­truire les sté­réo­ty­pes, tel celui du mâle domi­nant dans l’orga­ni­sa­tion des singes : « L’inter­ven­tion de l’homme pour­rait faire dis­pa­raî­tre la fonc­tion de mâle domi­nant. On se demande pour­quoi la pra­ti­que de l’implant n’est pas uti­li­sée de manière sys­té­ma­ti­que dans la contra­cep­tion humaine ». De même, si les grou­pes de libé­ra­tion des ani­maux sont pré­sents dans le roman, leurs actions sont abor­dées sur le mode de la déri­sion, tel ce col­lec­tif mili­tant à Los Angeles qui s’est trompé de cible en posant une bombe dans le véhi­cule d’un cher­cheur. Quant aux atten­tes du lec­teur sur la ques­tion du végé­ta­risme – suite aux des­crip­tions d’élevage indus­triel et aux évocations d’abat­toirs – l’auteure les court-cir­cuite lors­que les paro­les du bou­cher sem­blent trou­ver un écho jubi­la­toire chez l’héroïne qui : « mang[e] de la viande, […] écout[e] des bou­chers » à la fin du livre. Refusant d’endos­ser une pos­ture enga­gée, Olivia Rosenthal dis­tille une tona­lité iro­ni­que dans la plu­part des para­gra­phes, adop­tant une écriture volon­tiers pro­vo­cante qui dérange son lec­teur pour dés­ta­bi­li­ser ses idées reçues et éclairer ses pro­pres pra­ti­ques. La démar­che se rap­pro­che­rait ainsi d’une sorte d’ « éthologie humaine », ten­ta­tive d’obser­va­tion des hommes en société en décen­trant le regard par l’ana­lyse de nos rap­ports aux ani­maux. Cette appro­che lui permet ainsi de dis­sé­quer nos cer­ti­tu­des sur des thèmes comme la mater­nité, mal­me­née avec un malin plai­sir tout au long du roman, à l’image de cette femelle orang-outan à qui on tente déses­pé­ré­ment d’inculquer l’ins­tinct mater­nel à grands ren­forts de docu­men­tai­res, ou encore lors­que le bou­cher expli­que à la nar­ra­trice ravie que la viande de génisse est bien meilleure que la viande de vache.

Le sauvage et le domestique : de l’élevage à l’émancipation

De ces dis­cours émerge une oppo­si­tion qui ne cesse de hanter le rap­port des hommes aux ani­maux : celle du sau­vage et du domes­ti­que. Affirmant que « toute notre éducation a été tour­née vers cette dis­tinc­tion, […] nous sommes civi­li­sés, éduqués, élevés, et si nous ne le sommes pas, c’est que nous retom­bons dans la bes­tia­lité », Olivia Rosenthal s’amuse à brouiller les fron­tiè­res entre hommes et ani­maux. Les ten­ta­ti­ves d’appri­voi­se­ment et de croi­se­ment – tels ces hybri­des indé­ci­da­bles, « tigrons, léo­pons, puma­pards », qui ouvrent le livre – font écho à l’éducation du per­son­nage prin­ci­pal, domes­ti­quée par sa mère pour deve­nir conforme aux normes socia­les, jusqu’au mariage en règle avec un être du sexe opposé. Par le jeu du mon­tage, « éducation » devient syno­nyme d’ « élevage » pour nous invi­ter à inver­ser notre regard : les êtres les plus domes­ti­qués ne sont peut-être pas les ani­maux, mais leurs maî­tres, ce dont témoi­gne l’expé­ri­men­ta­teur qui ne cesse de répé­ter à quel point il a « eu un par­cours tout à fait clas­si­que », en bon aîné de la famille. Il y a dans ce récit une atten­tion vive aux dis­tri­bu­tions de l’espace, et au motif du fran­chis­se­ment de la fron­tière. Les espa­ces clos qui jalon­nent le roman ne ces­sent de ren­voyer la domes­ti­ca­tion des bêtes au condi­tion­ne­ment des hommes : les douves qui encer­clent les loups, les cages qui confi­nent les fauves, les salles sécu­ri­sées des labo­ra­toi­res ne sont pas sans lien avec la cham­bre de l’héroïne décrite à la manière d’une cel­lule de prison, évoquant son enfer­me­ment dans le cercle fami­lial : le dis­po­si­tif panop­ti­que mis au point par Bentham éclaire aussi bien la domes­ti­ca­tion de l’héroïne que celle des bêtes enfer­mées dans un zoo.

Mais de même que les bêtes ne sont jamais tota­le­ment appri­voi­sées – l’auteure pre­nant un réel plai­sir à mul­ti­plier les récits d’ani­maux qui se révol­tent, du lion ayant dévoré deux soi­gneurs au tau­reau qui encorne son maqui­gnon – de même l’héroïne, malgré son condi­tion­ne­ment, ne se tait que pour mieux se réveiller et se libé­rer. Ce désir d’émancipation se mani­feste par le trou­ble des iden­ti­tés assi­gnées, d’où l’impor­tance du thème de la méta­mor­phose : si le scien­ti­fi­que s’attarde sur les modi­fi­ca­tions géné­ti­ques des souris, si le dres­seur évoque l’accultu­ra­tion irré­ver­si­ble des singes en cap­ti­vité, l’héroïne elle-même, mi-sau­vage mi-domes­ti­que, explore la gamme des trans­for­ma­tions qui trans­gres­sent les fron­tiè­res entre l’humain et une ani­ma­lité perçue comme mons­trueuse. À cet égard, le cinéma joue un rôle cen­tral tout au long du livre puis­que l’héroïne ne cesse de s’inter­ro­ger sur les figu­res aux­quel­les elle s’iden­ti­fie, se reconnais­sant davan­tage dans King Kong le gorille « ravis­seur de femmes » que dans la belle blonde effeuillée. Terrorisée par l’accou­che­ment mons­trueux de Rosemary’s baby, séduite et effrayée par la femme-pan­thère de la Féline dévo­reuse d’hommes, l’héroïne est cons­tam­ment hantée par la peur et le désir de se trans­for­mer, à l’image de Sigourney Weaver mi-femme mi-alien dans Toutes les femmes sont des aliens. Cette iden­tité indé­ci­da­ble de l’héroïne, dont le « désir d’huma­nité est à peu près équivalent [au] désir d’ani­ma­lité », ren­voie au désir étouffé qui sourd et qui finit par se faire enten­dre : c’est bien sur le désir contra­rié – l’envie de pos­sé­der un animal domes­ti­que – que s’ouvre le récit : « C’est l’une des pre­miè­res mani­fes­ta­tions de votre désir, un désir d’autant plus puis­sant qu’il reste inas­souvi », jusqu’à son appren­tis­sage épanoui de la sexua­lité : « vous vivez votre vie sau­vage tout en res­tant civi­li­sée ». Dans l’économie du récit, la force du désir atteint logi­que­ment son acmé dans le der­nier cha­pi­tre, par la trou­blante super­po­si­tion du témoi­gnage du bou­cher aux épisodes où l’héroïne cède à son désir homo­sexuel, réac­ti­vant ainsi de manière ori­gi­nale le couple d’éros et de tha­na­tos.

Si l’appri­voi­se­ment, l’expé­ri­men­ta­tion et l’abat­tage des ani­maux sont au cœur des entre­tiens retrans­crits, c’est pour­tant bien d’émancipation qu’il est ques­tion tout au long du roman. Dès lors, c’est de nos illu­sions alié­nan­tes qu’il faut nous affran­chir : au titre ini­tial (Le Meilleur Ami de l’homme), Olivia Rosenthal sub­sti­tue une ques­tion per­met­tant d’inter­ro­ger le tra­vail de la désillu­sion. Elle s’atta­que ainsi à nos repré­sen­ta­tions ani­ma­liè­res, notam­ment les fic­tions men­son­gè­res où les rennes de Noël côtoient les feuille­tons animés (Skippy, Daktari, Flipper) et les contes que les parents édulcorent afin de cacher la vérité : dans Le Joueur de flûte de Hamelin, Hans ne se contente pas de char­mer les rats pour les exter­mi­ner hors de la ville, il revient faire de même avec les enfants pour se venger des habi­tants. Si le monde est bien « un tissu de mots », l’héroïne en colère s’atta­che à démas­quer les jeux de pou­voir à l’œuvre dans les textes.

S’émanciper : vers de nouveaux espaces politiques et poétiques

Si le lien filial repré­sente une dette contrai­gnante, que la nar­ra­trice ne peut liqui­der que par la tra­hi­son, comme en témoi­gne l’ana­phore de l’injonc­tion « vous tra­hi­rez », le désir d’émancipation mani­festé par le per­son­nage se pro­longe sur le ter­rain poé­ti­que. L’œuvre d’Olivia Rosenthal est donc avant tout une entre­prise de liqui­da­tion des héri­ta­ges car, ainsi qu’elle le déclare dans Mes Petites Communautés, « on n’est quand même pas né pour ren­trer dans le rang ». Si Que font les rennes après Noël se place dans le sillage des romans d’appren­tis­sage, la nar­ra­trice ne part pas à la décou­verte d’une forme de sagesse ou d’ata­raxie mais se livre au contraire à un appren­tis­sage du désir et de la tra­hi­son. Ce qui est une exi­gence pour la nar­ra­trice, l’émancipation, l’est aussi pour l’écrivaine à tra­vers l’ironie. Le tra­vail d’émancipation doit pour­tant être sans cesse renou­velé, la lit­té­ra­ture étant à la fois un espace de reconduc­tion et de libé­ra­tion des contrain­tes. Le texte lui-même se cons­truit en effet sur un dis­po­si­tif qui fonc­tionne comme res­sas­se­ment et varia­tion, dif­fé­rence et répé­ti­tion avec la reprise et le dépla­ce­ment de nom­breu­ses for­mu­les, comme en témoi­gne ce jeu d’écho : « pour le loup, l’homme est un autre loup » ; « l’homme est un homme pour l’homme » ; « Pour l’homme, le loup est un loup ». Il y a un véri­ta­ble plai­sir poé­ti­que de la varia­tion chez l’auteur, en tant qu’elle se cons­truit sur une répé­ti­tion et une émancipation, la mise en place d’un cadre et la libé­ra­tion de celui-ci. En vou­lant sortir des contrain­tes nor­ma­ti­ves, Olivia Rosenthal met en place un dis­po­si­tif poé­ti­que et sty­lis­ti­que pour­tant contrai­gnant, qui intè­gre le lan­gage d’autrui et se cons­truit sur des jeux d’échos. Elle cons­truit des contrain­tes, à l’instar du sup­port docu­men­taire qu’elle intè­gre à son œuvre, et les met en crise, en se ser­vant du docu­ment comme source du déploie­ment de la fic­tion. Ainsi, toute l’œuvre se cons­ti­tue contre les contrain­tes au double sens de la pré­po­si­tion : en étant à la fois ados­sée, et en oppo­si­tion à elles.

Mais le carac­tère émancipateur de la démar­che docu­men­taire que mène Olivia Rosenthal, se trouve sur­tout dans l’hété­ro­gé­néité des voix inter­ro­gées, en allant du dres­seur au bou­cher, en pas­sant par l’expé­ri­men­ta­teur scien­ti­fi­que. Ainsi, elle intè­gre à son œuvre des par­cel­les de récits de « vies minus­cu­les » pour repren­dre le titre de Pierre Michon. Il s’agit par-là d’inves­tir des ter­rains fermés, de lais­ser la parole à des voix que l’on ne par­vient pas à enten­dre au quo­ti­dien et de mettre en avant ce que Rancière nomme la « part des sans parts ». Ainsi le geste de l’auteure est également poli­ti­que, puisqu’elle affirme offrir sa « dis­po­ni­bi­lité aux mur­mu­res du monde ». En abor­dant un domaine à tra­vers la rela­tion qu’autrui entre­tient avec lui, c’est le mono­pole de la parole qui est débouté au profit d’un savoir rela­tion­nel, qui appelle chacun à dépla­cer son point de vue en se décen­trant de soi. L’entre­tien permet ainsi de créer un espace du commun, où s’exprime une plu­ra­lité de voix. Néanmoins, la réci­pro­cité poli­ti­que n’est pas totale, l’œuvre se cons­truit bien autour des juge­ments et des prises de posi­tion impli­ci­tes d’Olivia Rosenthal. Malgré tout, l’œuvre nous révèle que le dis­cours d’autrui est l’ins­tru­ment pri­vi­lé­gié d’un retour réflexif sur soi-même : la lit­té­ra­ture est donc un espace de l’inter­sub­jec­ti­vité où les points de vue s’entre­la­cent jusqu’à débou­ter nos cer­ti­tu­des.

Le roman ne vise pas à abolir les fron­tiè­res entre les dif­fé­rents espa­ces, qu’ils soient humains et ani­maux, ou poli­ti­ques et poé­ti­ques. L’œuvre main­tient un écart, des tra­jec­toi­res et des croi­se­ments, plus que de l’indis­tinc­tion. La Féline est un être en méta­mor­phose, qui passe d’un état humain à un état animal, et non un être hybride. Les inte­rac­tions entre les hommes et les ani­maux ne doi­vent pas faire oublier leurs dif­fé­ren­ces : les ani­maux n’ayant pas la parole, on ne peut parler à leur place. Mais si les bêtes ne par­lent pas dans Que font les rennes après Noël ?, elles ont néan­moins beau­coup à nous dire par la bouche de ceux qui les fré­quen­tent, les domp­tent et les man­gent.

Bibliographie sélec­tive :

Chloé BRENDLÉ, Entretien avec Olivia Rosenthal, Le Matricule des Anges, n°171, « Olivia Rosenthal, l’esprit animal », mars 2016, p.14-23.

Laure Limongi et Olivia Rosenthal, « Soirée ani­male : carte blan­che à Laure Limongi », remue.net, 1/11/2013, http://remue.net/spip.php?arti­cle6273, consulté le 10 octo­bre 2016.

Olivia ROSENTHAL, Les Félins m’aiment bien, Actes Sud, 2004.

Olivia ROSENTHAL, Que font les rennes après Noël ?, Verticales, 2010.

Olivia ROSENTHAL, Viande froide : repor­ta­ges, Centquatre, 2008.

Olivia ROSENTHAL, « Le rôle et la pré­sence des ani­maux dans le roman », in Assises Internationales du Roman, Christian Bourgois, 2011, p.149-153.
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